Yuka

Tout le monde connaît Yuka, mais savez-vous comment ça marche et les limites de cette notation?

L’algorithme détaillé qui permet à Yuka de noter les produits scannés par notre téléphone est un secret bien gardé, mais on connaît les grandes lignes de cette notation. Déjà, 60% de la note est liée au Nutriscore (si vous voulez en savoir plus sur cet indicateur, c’est par là). Les limites du Nutriscore s’applique donc aussi à la note Yuka. Ensuite, on a une grosse partie de la note qui est liée à la présence et la dangerosité des additifs. Les additifs sont classés par Yuka entre sans risque (vert), à risque modéré (orange) et à risque elevé. Le malus appliqué pour la présence de chaque type d’additif n’est pas communiqué par Yuka mais facilement déductible en analysant plusieurs produits notés. Les additifs verts n’ont pas de conséquence sur la note alors que les rouges pénalisent le produit de 30 points. Enfin, un bonus est donné aux produits BIO.

Yuka est donc un outil qui simplifie vos choix en magasin en combinant les données du Nutriscore et celles des additifs. Globalement, ça fait l’affaire et ça peut vous permettre, sans vous y connaître en formulation alimentaire (la science secrète de ce qu’on met dans les produits industriels), à faire la différence entre des produits contenant des additifs suspects et d’autres avec une liste d’ingrédients plus simples. Mais cette application a ses limites, outre celle du Nutriscore, et le biais ici repose surtout sur la classification des additifs, qui n’est pas communiquée de façon transparente par Yuka. Certains additifs apparaissent en rouge sans fondement scientifique et d’autres en vert alors qu’il existe des doutes sur leur effets sur la santé. Le plus sérieux problème réside dans le fait de faire confiance les yeux fermés à Yuka et de penser qu’un produit vert est forcément meilleur qu’un produit orange ou rouge. C’est faux car Yuka n’a pas de service scientifique qui analyse les nouveaux additifs ou ingrédients et il est illusoire de penser qu’ils peuvent classer tous les additifs de façon raisonnée au fur et à mesure des publications scientifiques.

A cela, il faut ajouter le fait que tout ce qui n’est pas un additif ne rentre pas en compte dans la note Yuka. Donc un ingrédient utilisé pour un effet conservateur par exemple, mais qui n’est pas considéré comme un additif, ne sera pas comptabilisé. Par exemple, si l’industriel ajoute de l’extrait de romarin pour conserver son produit, c’est transparent pour Yuka. Mais en fait on ne sait pas si l’extrait de romarin utilisé comme conservateur dans un produits alimentaire est bon ou non pour la santé à long terme. Cela vous amène donc faussement à penser que le produit est meilleur qu’un autre. Il faut donc bien apprendre à manier cet indicateur et à connaître autant ses bons que ses mauvais côtés

Un produit très mal classé sur Yuka sera toujours à fuir, mais s'il est médiocre dans un univers sucré, il faut regarder de plus près. Si la mauvaise notation est uniquement due à la présence d’acides gras saturés (en gros le produit est à base de beurre), ça n’est pas forcément mauvais et c’est même surement mieux que son voisin contenant de l’huile de palme et du sirop de glucose.

Un exemple avec le rayon goûter:

Yuka note ces 2 produits en “médiocre”, avec 10 points de différence dus au caractère Bio du produit Marlette. On pourrait donc penser que les 2 sont en fait équivalents.

Mais c’est faux, car le produit Marlette est nettement moins sucré et surtout il n’utilise que des ingrédients nobles, ne contient pas d’additifs et a une liste d’ingrédients très proche du fait maison. Il est donc bien plus vertueux que l’autre, qui est très sucré, qui contient du sirop de glucose et de la poudre de lait (vous mettez ça dans vos cookies vous?). On ne voit pas non plus dans la note Yuka la provenance des ingrédients, majoritairement français pour Marlette, ni le degré de transformation, moindre chez Marlette qui suit une recette “traditionnelle”.

Conclusion : Utilisez l'appli de façon intelligente, et comme pour le Nutriscore, ne jugez pas uniquement sur la couleur Yuka (bon, moyen, médiocre, mauvais), mais regardez ce qui a été déterminant dans la note